"...De tels triomphes sont utiles et presque n�cessaires pour entretenir la juste consid�ration que l'on doit aux sciences. Nous sommes tr�s-dispos�s, sans doute, � confesser l'importance des recherches scientifiques, mais il n'est pas hors de propos que, par intervalles, quelques faits �clatants viennent justifier cette confiance en quelque sorte instinctive, et nous fournir un t�moignage visible de l'utilit� de certains travaux dont les applications sont difficiles � saisir au premier aper�u. Rien n'a ...
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"...De tels triomphes sont utiles et presque n�cessaires pour entretenir la juste consid�ration que l'on doit aux sciences. Nous sommes tr�s-dispos�s, sans doute, � confesser l'importance des recherches scientifiques, mais il n'est pas hors de propos que, par intervalles, quelques faits �clatants viennent justifier cette confiance en quelque sorte instinctive, et nous fournir un t�moignage visible de l'utilit� de certains travaux dont les applications sont difficiles � saisir au premier aper�u. Rien n'a mieux servi � ce titre les int�r�ts et l'honneur des sciences que la d�couverte de la plan�te Neptune. L'histoire conserve avec orgueil les noms de quelques astronomes heureux qui reconnurent dans le ciel l'existence de plan�tes jusqu'alors ignor�es; mais ces d�couvertes n'avaient en elles-m�mes rien d'inusit� ni d'insolite, elles ne sortaient pas du cadre de nos moyens habituels d'exploration; le perfectionnement des instruments d'optique y joua le premier et quelquefois l'unique r�le. Les plan�tes Uranus, C�r�s, Pallas, Vesta, Junon, Astr�e, ont �t� reconnues en �tudiant avec le t�lescope les diverses plages c�lestes. C'est par une m�thode diff�rente et bien autrement remarquable que M. Le Verrier a proc�d�. Il n'a pas eu besoin de lever les yeux vers le ciel. Sans autre secours que le calcul, sans autre instrument que sa plume, il a annonc� l'existence d'une plan�te nouvelle qui circule aux confins de notre univers, � douze cents millions de lieues du soleil. Non-seulement il a constat� son existence, mais il a d�termin� sa situation absolue et les dimensions de son orbite, �valu� sa masse, r�gl� son mouvement et assign� sa position � une �poque d�termin�e; de telle sorte que, sans avoir une seule fois mis l'oeil � une lunette, sans avoir jamais observ� lui-m�me, il a pu dire aux astronomes: � tel jour, � telle heure, braquez vos t�lescopes vers telle r�gion du ciel, vous apercevrez une plan�te nouvelle. Aucun oeil humain ne l'a encore aper�ue, mais je la vois avec les yeux infaillibles du calcul. Et l'astre fut reconnu pr�cis�ment � la place indiqu�e par cette proph�tie extraordinaire. Voil� ce qui fait la grandeur et l'originalit� admirable de cette d�couverte positivement unique dans l'histoire des sciences..."
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