Extrait: Adresse � Monseigneur le duc de Longueville MONSEIGNEUR, Je prends avantage de ma t�m�rit�; et quelque d�fiance que j'aie de Clitandre, je ne puis croire qu'on s'en promette rien de mauvais, apr�s avoir vu la hardiesse que j'ai de vous l'offrir. Il est impossible qu'on s'imagine qu'� des personnes de votre rang, et � des esprits de l'excellence du v�tre, on pr�sente rien qui ne soit de mise, puisqu'il est tout vrai que vous avez un tel d�go�t des mauvaises choses, et les savez si nettement d ...
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Extrait: Adresse � Monseigneur le duc de Longueville MONSEIGNEUR, Je prends avantage de ma t�m�rit�; et quelque d�fiance que j'aie de Clitandre, je ne puis croire qu'on s'en promette rien de mauvais, apr�s avoir vu la hardiesse que j'ai de vous l'offrir. Il est impossible qu'on s'imagine qu'� des personnes de votre rang, et � des esprits de l'excellence du v�tre, on pr�sente rien qui ne soit de mise, puisqu'il est tout vrai que vous avez un tel d�go�t des mauvaises choses, et les savez si nettement d�m�ler d'avec les bonnes, qu'on fait para�tre plus de manque de jugement � vous les pr�senter qu'� les concevoir. Cette v�rit� est si g�n�ralement reconnue, qu'il faudrait n'�tre pas du monde pour ignorer que votre condition vous rel�ve encore moins par-dessus le reste des hommes que votre esprit, et que les belles parties qui ont accompagn� la splendeur de votre naissance n'ont re�u d'elle que ce qui leur �tait d� c'est ce qui fait dire aux plus honn�tes gens de notre si�cle qu'il semble que le ciel ne vous a fait na�tre prince qu'afin d'�ter au roi la gloire de choisir votre personne, et d'�tablir votre grandeur sur la seule reconnaissance de vos vertus: aussi, MONSEIGNEUR, ces consid�rations m'auraient intimid�, et ce cavalier n'e�t jamais os� vous aller entretenir de ma part, si votre permission ne l'en e�t autoris�, et comme assur� que vous l'aviez en quelque sorte d'estime, vu qu'il ne vous �tait pas tout � fait inconnu. C'est le m�me qui, par vos commandements, vous fut conter, il y a quelque temps, une partie de ses aventures, autant qu'en pouvaient contenir deux actes de ce po�me encore tout informes et qui n'�taient qu'� peine �bauch�s. Le malheur ne pers�cutait point encore son innocence, et ses contentements devaient �tre en un haut degr�, puisque l'affection, la promesse et l'autorit� de son prince lui rendaient la possession de sa ma�tresse presque infaillible; ses faveurs toutefois ne lui �taient point si ch�res que celles qu'il recevait de vous; et jamais il ne se f�t plaint de sa prison, s'il y e�t trouv� autant de douceur qu'en votre cabinet. Il a couru de grands p�rils durant sa vie, et n'en court pas de moindres � pr�sent que je t�che � le faire revivre. Son prince le pr�serva des premiers; il esp�re que vous le garantirez des autres, et que, comme il l'arracha du supplice qui l'allait perdre, vous le d�fendrez de l'envie, qui a d�j� fait une partie de ses efforts � l'�touffer. C'est, MONSEIGNEUR, dont vous supplie tr�s humblement celui qui n'est pas moins, par la force de son inclination que par les obligations de son devoir, MONSEIGNEUR, Votre tr�s humble et tr�s ob�issant serviteur, CORNEILLE. Pierre Corneille, aussi appel� le Grand Corneille ou Corneille l'a�n�, n� le 6 juin 1606 � Rouen et mort le 1er octobre 1684 � Paris (paroisse Saint-Roch), est un dramaturge et po�te fran�ais du XVIIe si�cle. Issu d'une famille de la bourgeoisie de robe, Pierre Corneille, apr�s des �tudes de droit, occupa des offices d'avocat � Rouen tout en se tournant vers la litt�rature, comme bon nombre de dipl�m�s en droit de son temps. Il �crivit d'abord des com�dies comme M�lite, La Place royale, L'Illusion comique, et des tragi-com�dies Clitandre (vers 1630) et en 1637, Le Cid, qui fut un triomphe, malgr� les critiques de ses rivaux et des th�oriciens. Il avait aussi donn� d�s 1634-35 une trag�die mythologique (M�d�e), mais ce n'est qu'en 1640 qu'il se lan�a dans la voie de la trag�die historique - il fut le dernier des po�
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