Tom Quartz �DITIONS (c) Ce myst�rieux Anglais me tient sous un charme, je ne peux plus me passer de lui. Depuis que je le connais, la pr�sence des autres m'est devenue plus intol�rable encore, leur conversation surtout ! Oh ! comme elle m'angoisse et comme elle m'exasp�re, et leur attitude, et leur fa�on d'�tre !... Les gens de mon monde, mes tristes pareils, comme tout ce qui vient d'eux m'irrite et m'attriste et m'oppresse, leur vide et bruyant bavardage, leur perp�tuelle et monstrueuse vanit�, leur ...
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Tom Quartz �DITIONS (c) Ce myst�rieux Anglais me tient sous un charme, je ne peux plus me passer de lui. Depuis que je le connais, la pr�sence des autres m'est devenue plus intol�rable encore, leur conversation surtout ! Oh ! comme elle m'angoisse et comme elle m'exasp�re, et leur attitude, et leur fa�on d'�tre !... Les gens de mon monde, mes tristes pareils, comme tout ce qui vient d'eux m'irrite et m'attriste et m'oppresse, leur vide et bruyant bavardage, leur perp�tuelle et monstrueuse vanit�, leur effarant et plus monstrueux �go�sme, leurs propos de club ! Le ressassage des opinions toutes faites et des jugements appris, le vomissement automatique des articles lus, le matin, dans les feuilles et qu'on reconna�t au passage, leur d�sesp�rant d�sert d'id�es, et l�-dessus l'�ternel plat du jour des clich�s trop connus sur les �curies de courses et les alc�ves des filles... et les loges des petites femmes ! Les petites femmes... autre loque de langage, la sale usure de ce terme avachi !... O mes contemporains, mes chers contemporains... leur idiot contentement d'eux-m�mes, leur suffisance �panouie et grasse, le stupide �talage de leurs bonnes fortunes, les vingt-cinq et cinquante louis sonnant de leurs prouesses tarif�es toujours aux m�mes chiffres, leurs gloussements de poules et leurs grognements de porcs, quand ils prononcent le nom de certaines femmes, l'ob�sit� de leurs cerveaux, l'obsc�nit� de leurs yeux et la veulerie de leur rire ! Beaux pantins d'amour en v�rit�, avec l'affaissement esquint� de leurs gestes et le d�mantibul� de leur chic (le chic, un mot hideux qui sied comme un gant neuf � leur allure, affal�e, de croque-morts, �panouie, de Falstaff)... (...) Pourquoi Ethal a-t-il �veill� en moi ce d�cha�nement de haine !... Certes, cette horreur des hommes, cette abomination des mondains surtout, je les ai toujours eues en moi, mais comme assoupies et couv�es sous la cendre, latentes... Mais depuis que je le vois, c'est comme un ferment qui s'aigrit et bouillonne, une fureur me soul�ve tout, comme un vin nouveau, un vin d'ex�cration et de haine; tout mon sang bout, toute ma chair me fait mal, mes nerfs s'exacerbent et mes doigts se crispent, des envies de meurtre traversent mon cerveau... Tuer, tuer quelqu'un, oh ! comme cela m'apaiserait, �teindrait ma fi�vre... et je me sens des mains d'assassin. Si c'est l� la gu�rison promise ! et pourtant la pr�sence et la conversation de Claudius me sont un bien-�tre, sa pr�sence me rassure et sa voix me calme... Depuis que je le vois, les figures d'ombre qui grima�aient autour de moi sont moins distinctes, je n'ai plus l'obsession lancinante des masques, ... et le vertige des yeux verts, des glauques prunelles de l'Antino�s s'est �vanoui !... Les yeux, les yeux, je n'ai plus la folie des yeux, cet homme a enchant� mon mal; sa conversation est d'un tel charme, c'est un tel �veilleur d'id�es, ses moindres phrases trouvent en moi de tels �chos. Ce sont mes pens�es, m�me les plus lointaines, les pas encore n�es, celles que je ne soup�onnais pas, que sa parole �voque et fait na�tre. Ce myst�rieux causeur me raconte � moi-m�me, donne un corps � mes r�ves, il me parle tout haut, je m'�veille en lui comme dans un autre moi plus pr�cis et plus subtil; ses entretiens m'accouchent de moi-m�me, ses gestes fixent mes visions, et je lui dois la lumi�re et la vie. Il a dissip�, �cart� mes t�n�bres; des spectres ne m'y menacent plus. Et pourtant cette haine atroce et cette fureur de meurtre qui grandissent ! C'est une des phases de ma gu�rison, peut-�tre, car je gu�rirai, Claudius me l'a pr
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