Toute l'oeuvre d'Albert Camus est hantee par celle de Dostoievski. L'auteur de l'Etranger fut frappe tres jeune par ses romans, en particulier Les Possedes . Cette marque au fer rouge, Camus l'a d'ailleurs ouvertement redenviquee, tant par ecrit que dans ses interventions orales, par exemple lors de son discours de reception du Prix Nobel de Litterature en 1958. Les themes communs aux deux auteurs sont evidents et ont ete recenses depuis longtemps: desarroi metaphysique de "l'homme sans Dieu", rapport de la conscience ...
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Toute l'oeuvre d'Albert Camus est hantee par celle de Dostoievski. L'auteur de l'Etranger fut frappe tres jeune par ses romans, en particulier Les Possedes . Cette marque au fer rouge, Camus l'a d'ailleurs ouvertement redenviquee, tant par ecrit que dans ses interventions orales, par exemple lors de son discours de reception du Prix Nobel de Litterature en 1958. Les themes communs aux deux auteurs sont evidents et ont ete recenses depuis longtemps: desarroi metaphysique de "l'homme sans Dieu", rapport de la conscience avec l'absurdite apparente du monde, les ideologies utopistes se retournant contre la liberte essentielle de l'homme. Camus a par exemple declare: "On a longtemps cru que Marx etait le prophete du XXe siecle. Nous decouvrons que le vrai prophete etait Dostoievski. Il a prophetise le regime des grands Inquisiteurs et le triomphe de la puissance sur la justice." L'ouvrage de Peter Dunwoodie ne cherche pas a indiquer les influences de Dostoievski sur Camus dans une perspective "filiale" voire de "maitre a disciple", comme on a pas cesse de le faire jusqu'a present. "Mon propos, precise l'auteur, est de depasser la chasse a l"influence" traditionnelle, axee essentiellement sur la thematique." Dunwoodie, dans une approche intertextuelle centree sur les notions d'inachevement et d'aporie, anime le dialogue entre Camus et Dostoievski sans se cantonner au point de vue ideologique, "mais en privilegiant les ruptures et autres signes textuels" de ce dialogue.
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