Destin???e de l'oeuvre Anatole Le Braz, apr???s lui avoir donn??? deux cent francs[1] pour achat des droits ??? venir sur l'???dition de ses 24 premiers cahiers, tarda ??? les publier, ce qui incita Jean-Marie D???guignet, non sans amertume, ??? reprendre enti???rement son travail. Anatole Le Braz ne publia que le d???but du premier manuscrit dans la Revue de Paris pendant l'hiver 1904-1905, et apr???s avoir normalis??? et standardis??? le texte qui s'ach???ve avec la campagne d'Italie et une mention ??? suivre, mais il n'y ...
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Destin???e de l'oeuvre Anatole Le Braz, apr???s lui avoir donn??? deux cent francs[1] pour achat des droits ??? venir sur l'???dition de ses 24 premiers cahiers, tarda ??? les publier, ce qui incita Jean-Marie D???guignet, non sans amertume, ??? reprendre enti???rement son travail. Anatole Le Braz ne publia que le d???but du premier manuscrit dans la Revue de Paris pendant l'hiver 1904-1905, et apr???s avoir normalis??? et standardis??? le texte qui s'ach???ve avec la campagne d'Italie et une mention ??? suivre, mais il n'y eut aucune suite. Ce manuscrit fut ensuite ???gar??? par Anatole Le Braz. Ce n'est que pr???s d'un si???cle plus tard, et presque par hasard, que le manuscrit de la seconde r???daction fut retrouv??? et publi???, avec un immense succ???s populaire: plus de 300 000 exemplaires vendus en France avec des traductions en italien, en tch???que et en anglais. Le succ???s de cette ???dition chez un petit ???diteur breton, An Here, est surtout d??? ??? un bon accueil des m???dias r???gionaux relay??? par une chronique enthousiaste du journaliste Michel Polac sur France Inter. ??? c???t??? de ses m???moires, il reste de lui quelques textes de r???flexions personnelles (une Vie de J???sus, une Histoire des mythes) et quelques cahiers de travail en grande partie in???dits (un cahier de notes, son testament moral, des brouillons de lettres). Il a ???crit ???galement des po???mes dans sa langue maternelle ainsi qu'un trait??? pour ???lever les abeilles qui n'a pas ???t??? retrouv???. Son oeuvre a passionn??? elle laisse en effet un rare t???moignage sur la mentalit??? et l'???volution politique portant vers la R???publique des paysans de la r???gion de Quimper vers la fin du XIXe si???cle. Les pages consacr???es aux campagnes militaires sont ???galement particuli???rement int???ressantes, car ???crites par un homme du rang, ce qui est rare. D???guignet doit ???tre reconnu comme un v???ritable ???crivain: certes, comme Casanova, autre auteur d'une Histoire de ma vie, son fran???ais est parfois hasardeux (plein de bretonnismes), mais il ???crivait avec passion et talent, dans un style truculent et ironique: au terme d'une destin???e aventureuse et parfois difficile, il avait beaucoup ??? raconter, ce qu'il a fait avec un humour teint??? d'indignation, de provocation, mais aussi de curiosit???, un amour d???sint???ress??? de l'universel et une inimitable sinc???rit???. Le portrait que D???guignet trace de lui-m???me nous montre un homme tr???s intelligent voire surdou???, aux fortes convictions r???publicaines et anticl???ricales, polyglotte, sans doute habile agriculteur, capable d'entra???ner ses ???gaux; mais aussi anim??? par une vision anticonformiste et libertaire qui le mettait en d???calage avec la soci???t??? r???pressive de son si???cle. Le regard critique et acerbe de Deguignet, y compris sur les bretons eux-m???mes, ne lui vaut pas que des amis parmi les d???fenseurs de l'identit??? bretonne. Dans une longue ???tude[2], l'ethnopsychiatre Philippe Carrer affirme que Jean-Marie D???guignet souffrait de parano???a.
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