Petit, chaque fois que j'ecrivais quelque chose ou faisais un dessin, j'avais besoin de le montrer a ma mere pour savoir si c'etait bien. Qu'est-ce qu'elle penserait aujourd'hui de ce que je suis en train d'ecrire sur elle ? Je suis inquiet. Elle doit en avoir assez qu'on parle de son mari alcoolique. Ne pas avoir envie qu'on parle d'elle, la discrete, la reservee, de ses maladies imaginaires, de sa tristesse. Va-t-elle savoir lire entre les lignes, comprendre que ce livre est une declaration d'amour ? Que j'essaie de me ...
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Petit, chaque fois que j'ecrivais quelque chose ou faisais un dessin, j'avais besoin de le montrer a ma mere pour savoir si c'etait bien. Qu'est-ce qu'elle penserait aujourd'hui de ce que je suis en train d'ecrire sur elle ? Je suis inquiet. Elle doit en avoir assez qu'on parle de son mari alcoolique. Ne pas avoir envie qu'on parle d'elle, la discrete, la reservee, de ses maladies imaginaires, de sa tristesse. Va-t-elle savoir lire entre les lignes, comprendre que ce livre est une declaration d'amour ? Que j'essaie de me rattraper, moi qui ne lui ai jamais dit que je l'aimais, sauf dans les compliments de la fete des Meres dictes par la maitresse. Ce livre, je l'ai ecrit pour la faire revivre. Parce qu'elle me manque. Un beau portrait de femme, brosse par touches legeres - moins moqueuses qu'a l'accoutumee - en forme de declaration d'amour. Marianne Payot, L'Express.
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