PREMI???RE PARTIE. I Vers la fin du mois d'octobre, ??? minuit, il pleuvait de la neige fondue; le ciel ???tait gris et d'une seule pi???ce, comme une triste et froide coupole de plomb. C'???tait une de ces pluies calmes, continues, ???gales, sans violence ni pr???cipitation, qui font croire facilement qu'il pleuvra toujours ainsi jusqu'??? la fin des si???cles. A une maison pr???s de la porte des Mariniers, ??? Ch???lons-sur-Marne, une fen???tre s'ouvrit, et quelque chose fut pouss??? sur le balcon; apr???s quoi on referma ...
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PREMI???RE PARTIE. I Vers la fin du mois d'octobre, ??? minuit, il pleuvait de la neige fondue; le ciel ???tait gris et d'une seule pi???ce, comme une triste et froide coupole de plomb. C'???tait une de ces pluies calmes, continues, ???gales, sans violence ni pr???cipitation, qui font croire facilement qu'il pleuvra toujours ainsi jusqu'??? la fin des si???cles. A une maison pr???s de la porte des Mariniers, ??? Ch???lons-sur-Marne, une fen???tre s'ouvrit, et quelque chose fut pouss??? sur le balcon; apr???s quoi on referma la fen???tre. Ce quelque chose, ??? le regarder de plus pr???s, ???tait un jeune homme ??? moiti??? v???tu. Il avait la t???te nue, et les pieds dans des pantoufles de maroquin vert. Arriv??? sur la terrasse, son premier soin fut de boutonner son habit, pour r???sister de son mieux au froid et ??? la pluie; ensuite il chercha par quel moyen il pourrait descendre du balcon en bas. Il faut croire qu'il n'en trouva aucun, car ??? six heures du matin il ???tait encore blotti dans un coin, immobile, retenant son haleine, autant par la crainte de faire du bruit, que par celle de renouveler la sensation du froid, en causant le moindre d???rangement ??? ses v???tements coll???s sur son corps par la pluie glac???e qui n'avait pas cess??? de tomber. II Il est bon de dire comment ce jeune homme ???tait arriv??? sur le balcon. Mme Lauter, qui, avant son mariage, s'appelait Mlle Rosalie Chaumier, demeurait chez une tante. C'est l??? que M. Lauter la rencontra, et qu'il fut oblig??? de faire une variante au mot de C???sar, et de dire: Je suis venu, j'ai vu, j'ai ???t??? vaincu. M. Lauter avait trente-cinq ans. Mlle Rosalie Chaumier, dix-huit; en attendant qu'elle pr???t du go???t pour son mari, elle avait, comme toutes les filles, un go???t prononc??? pour le mariage; en peu de temps elle devint Mme Lauter, et vint habiter, ??? Ch???lons, la maison de son mari. Le faible de M. Lauter ???tait une grande pr???tention ??? la force et au sto???cisme. Cette pr???tention n'???tait nullement justifi???e, et n'avait pour pr???texte que l'admiration qu'inspirent naturellement, entre les qualit???s que l'on n'a pas, Jean Baptiste Alphonse Karr, n??? ??? Paris le 24 novembre 1808 et mort ??? Saint-Rapha???l le 30 septembre 1890, est un romancier et journaliste fran???ais. Biographie Alphonse est le fils du pianiste compositeur munichois Henri Karr. En 1832, ??? l'???ge de 24 ans, il d???bute dans la litt???rature avec son roman le plus c???l???bre, Sous les tilleuls, qui lui valut son entr???e au Figaro. En 1836, il participe ??? La Chronique de Paris, fond???e par Honor??? de Balzac, dont la parution ne durera que six mois, mais qui fut un joyeux interm???de. Ami de Victor Hugo, il est un auteur dans la veine romantique. Son roman Histoire de Romain d'???tretat fait conna???tre ???tretat, o??? il se rendait souvent. Par ses ???crits et son r???seau d'amis (des artistes, des romanciers...), il contribue aussi ??? la r???putation de Trouville et d'Honfleur. On peut m???me le consid???rer comme l'"inventeur" d'une autre station baln???aire normande, celle de Sainte-Adresse pr???s du Havre, dont il est le conseiller municipal de 1843 ??? 1849 et dont il fait le lieu de plusieurs romans. En 1840, au cours d'une visite au salon litt???raire de Louise Colet, il fait allusion aux amours de la ma???tresse de maison avec Victor Cousin, celle-ci furieuse lui plante dans le dos un coup de couteau de cuisine. Bless??? sans gr
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